Le don d’organe
Toute l’histoire de don et de transplantation d’organes au Maroc se limite à la greffe du rein. En 2011, 155 opérations ont été effectuées. Le donneur d’organe peut être un vivant apparenté, comme il peut être un mort ayant, de son vivant, donné son accord.
Donner son organe pour sauver la vie d’un être en souffrance n’est pas une chose courante chez les Marocains. Selon les statistiques officielles du ministère de la santé, 3 000 personnes sont en attente actuellement d’une greffe de cornée, dont 30% sont des jeunes, or il n’y a pas de donneurs.
En 2011, il n’y a pas eu plus de 155 greffes de rein, dont 151 à partir de donneurs vivants, et 5 à partir de sujets en état de mort cérébrale.
Il y a environ 5 greffes pour un million d’habitants et 7 par an depuis 1990.
Cependant, 10 000 personnes ont été hémodialysées au Maroc en 2011 (5 000 en 2006), sur un total d’un million de personnes souffrant d’une insuffisance rénale chronique (IRC). Des chiffres insignifiants, certes, comparés à ceux d’autres pays arabes et du Maghreb, mais par rapport au don et à la greffe d’autres organes, tel que le cœur, le poumon ou le foie, le rein connaît au Maroc un meilleur sort.
Plus que cela : toute l’histoire de la transplantation (et de don) d’organes au Maroc se confond avec celle de la greffe du rein. Car, excepté une greffe du cœur réalisée en 1994, les seules greffes d’organes pratiquées au Maroc concernent exclusivement le rein.
En 11 ans, 800 personnes se sont inscrites sur les registres de dons d’organes
Cependant, même si les transplantations rénales effectuées au Maroc ne sont pas nombreuses (quelque 250 depuis 1990), les praticiens marocains les maîtrisent parfaitement, depuis 1986, date de la première opération effectuée par une équipe américaine.
Quel est le coût de la transplantation?
Nécessitant une infrastructure moins chère que celle d’autres implantations (comme celles du cœur ou du foie), son prix serait, selon les estimations d’une équipe de néphrologues et d’urologues à Casablanca, de l’ordre de 250 000 DH, représentant la greffe et le suivi pendant la première année après l’opération. Puis 5 000 DH par mois, pour le travail de suivi. Autant dire qu’au bout de 2 ans, une transplantation rénale revient moins chère qu’une dialyse, laquelle coûte 200 000 DH par an pour le malade. «Une greffe réussie équivaut à dix ans d’hémodialyse économisés», précise un néphrologue.
Comment va le malade?
Une chose est sûre : le malade qui réussit sa transplantation pourra reprendre sa vie tout à fait normalement. Une transplantation d’organe réussie, estiment les médecins ayant pratiqué ce genre d’opération, «est souvent vécue comme une seconde naissance», notamment lorsque le patient guéri est capable d’exercer son activité professionnelle sans inconvénient, ou de pratiquer son sport en toute quiétude. Par contre, le donneur «peut ainsi vivre une grande inquiétude avant l’intervention en raison des risques qu’il encourt et faire une dépression avec le sentiment d’avoir perdu une partie de soi. Il est important de ne pas oublier l’inconvénient de la cicatrice, en particulier chez la femme», avertit le Dr Bourquia.
Que dit justement cette législation ?
C’est la loi 16-98 entrée en vigueur le 25 août 1999 relative au don, au prélèvement et à la transplantation d’organes et de tissus humains qui encadre juridiquement le domaine. Elle est en gros inspirée de la loi française. Le prélèvement de l’organe pourrait se faire sur une personne déclarée morte, et donc son accord avant son décès est obligatoire. Mais la loi pose tout de même trois conditions : la gratuité du don, l’anonymat du donneur et son consentement. Le prélèvement peut se faire aussi sur une personne encore vivante, mais avec des restrictions bien déterminées.
Dans la société marocaine, comment sont perçus le don et la transplantation d’organes ?
Que le don de l’organe soit fait par une personne encore vivante ou que le prélèvement soit effectué après le décès, les mentalités marocaines à propos de ce sujet n’ont pas trop évolué. «La greffe rénale, tout comme les autres greffes d’organes, compte parmi les grandes révolutions thérapeutiques du XXIe siècle. La greffe est apparue alors complexe et ambivalente, dans son fondement philosophique, social, juridique ainsi que dans sa pratique médicale C’est un acte généreux ayant une dimension éthique», indique le Dr Bourquia.
Source: La vie éco